Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Billet N°7 / Le simulateur de virtualité (partie II)

On ne peut pas nier, kaly et moi, qu’une certaine joie irradiait nos visages respectifs lorsque l’on sentit … enfin … le voilier démarrer un petit cheminement nautique improvisé.

Certes, cette extase contenue fut de coute durée avec la découverte de la deuxième épreuve de la journée : la fameuse vague dite « Gillette ». J’avoue que j’aimerais bien connaître qu’elle peut être le plaisir de cet élément naturel aquatique de nous envoyer une première lame pour systématiquement tourner le bateau en travers de son flux, puis une deuxième pour nous faire chavirer.

Chez moi, la notion de baignade a toujours été associée à un amusement sportif estival, surtout s’il se déroule en plein air l’été. Malheureusement, en ce petit matin de décembre, la découverte des capacités de cet environnement liquide pour atteindre une température largement inférieure à celle de la cave de mon beau-frère me laissait particulièrement sans voix. D’ailleurs, en nous relevant avec Kaly de notre troisième expérience avec la fameuse vague, je pus apercevoir le dit beauf toujours en discussion avec la direction de course sur le bord de la plage. Sans pour autant prendre sa défense, il est vrai que sa maîtrise d’au moins une nage reconnue par les manuels spécialisés est assez proche de ma virtuosité dans le maniement d’un instrument comme l’accordéon, surtout avec des moufles. Cela étant, son constatable refus pour mettre un pied dans l’eau risque de mettre en péril son désir de repartir pour un nouveau tour du monde virtuel, 4 ans après une honorable 127 894ième place.

Attention, car son éventuelle exclusion n’est pas sans conséquences pour nombre de skippers. En effet, mon beau-frère était le seul la dernière fois à pouvoir nous alimenter dans l’océan Antarctique en muscadet et en alcool de poire artisanal, distillé dans la soute pendant le voyage et capable de faire applaudir de bonheur … les plus discrètes de nos glandes sudoripares.

Laissant ma relation familiale à ses négociations et nos échanges avec Gillette à de vieux souvenirs (enfin), nous partîmes Kaly et moi pour le grand large océanique sous un splendide ciel gris et lourd. Trempés et fourbus par notre premier chapitre nautique, nous pûmes enfin prendre la mesure des rudiments premiers et nécessaires d’un voilier en conditions réelles.

C’est là que je fis ma première offrande à Neptune, composée des restes non digérés d’une baguette fraîche et beurrée, agrémentée d’une petite confiture d’abricot faite maison, et inondée d’un excellent chocolat chaud et chez Nesquick. Étonnamment, les quelques poissons venus au festin délaissèrent complètement la confiture.

Blême et barbouillé, calé au dont de l’Optimist, je laissais ma coéquipière, seule, tenter de diriger notre monture et me raconter avec entrain les détails de sa fameuse recette personnelle du couscous francilien.

C’est marrant comment la saveur du chocolat dégusté avec passion peut rester longtemps en bouche. Maintenant, je peux vous affirmer que le goût du chocolat régurgité a perdu une bonne partie de ses arômes mais cependant reste beaucoup plus longtemps accroché aux papilles gustatives. Si vous rajoutez alors à cette épreuve la vision subliminale d’un couscous à la perdrix chassée du jour, vous ne pouvez qu’assister impuissant à plusieurs saltos-arrières de votre estomac bouleversé. Je dois avouer que ce dernier avait encore conservé quelques millilitres de ma boisson chocolatée favorite pour ma deuxième phase d’offrandes. Je dois confier également que je ne sais pas si un autre choix que la perdrix aurait eu un autre impact sur ma capacité à nourrir la faune aquatique.

A suivre

Tag(s) : #Articles de Minage85
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :