16ième jour : 36 567 ème – Un Trindade de retard

Chers artistes aux œuvres maritimes, bonjour

Je laisse en ce moment l’archipel Brésilien de Trindade sur mon tribord. Je n’aurais pas d’autres commentaires sur ce lieu sensiblement éloigné de ma position, si ce n’est la consternante constatation de la mauvaise écriture du panneau indicateur réalisé par la direction de course. En effet, même si mes yeux commencent à conjecturer sérieusement sur la bonne visibilité des mots lettrés, je reste sans voix devant le fait que le fameux panneau indique « Trinidad » (vous pouvez vérifier). Je veux bien croire que la ressemblance orthographique et phonétique, et inversement, puisse engendrer quelques interprétations malencontreuses, mais la carabistouille gaffeuse représente tout de même un écart de quelques milliers de kilomètre avec l’originale cubaine. Une paille !!!

Devant cet odieux sacrilège sur l’autel de la culture géographique, il ne me reste plus qu’à tracer ma route en espérant que l’Afrique-du-Sud n’est pas déménagé d’ici là.

Du côté de la course, si les leaders foilers épousent avec bonheur les arabesques venteuses de l’anticyclone, chez les sans-dents que nous sommes l’heure est au sauve-qui-peut et à la recherche de la lumière au bout du tunnel. Pour faire simple, il y en a partout et dans toutes les directions.

Je note toute de même, qu’une grosse louche d’embarcations tente en ce moment de se faire un passage dans un insolite goulot d’étranglement à faible vent. Mon septième sens (oui moi j’en ai sept !!), alerte depuis ce matin mes méninges sur la possible éventualité que cela puisse n’être qu’un pitoyable piège météorologique pour skippers en peau d’andouilles.  Etant déjà dedans et sans réelles portes de sortie à mon niveau, je n’ai pu qu’à rendre visite, dès que possible, à mon charcutier.

Sur le bateau, je ne rencontre pas de problème particulier. J’ai remis hier le Spi que j’avais lavé il y a quelques jours. Il n’était pas tout à fait sec mais je n’avais pas d’autres alternatives sous la main. Du coup, avec le poids de l’eau, je n’ai pas gagné beaucoup en vitesse dans l’affaire. Evidemment, J’aurais du le passer au sèche-cheveux. Malheureusement, avec ma coiffure, je n’ai pas jugé bon d’amener cet ustensile.

Ce n’est pas grave, il me reste d’autres astuces à mettre en place pour essayer de recoller au peloton de mes congénères de galère.

Aujourd’hui, par exemple, je me suis attelé à la réalisation d ‘un foil ponctuel. Ha ha !!! … Vous vous demandez quoi qu’est-ce donc cela ?

Simple, avec du papier journal, de l’amidon de jus de pommes de terre, un peu de colle et de l’eau, il suffit de reproduire le plus fidèlement possible cet appendice nautique avantageux. Attention, il faut le faire creux pour pouvoir y loger le bras.

Une fois sec et équipé de deux ou trois élastiques pour le maintenir au niveau de l’épaule, il vous suffit de vous positionner sur le bord de votre voilier et de le positionner dans l’eau.

Bien sûr, outre le fait de devoir manger des patates pendant une semaine, l’action n’est si simple tout de même. Déjà, il ne faut oublier que vous le portez. J’ai voulu me gratter le nez et je suis fais mal bêtement. Ensuite, passé le fait d’en avoir cassé trois, perdu deux (merci de me les récupérer SVP), le plus gros problème intervient au niveau l’épaule. C’est après avoir consolidé le pseudo foil avec mon mât de parasol de jardin, que j’ai senti la rupture au niveau de la clavicule gauche. Heureusement, il y a un peu de morphine dans la trousse de secours et de la vodka dans le placard. Il faut serrer les dents !!! … C’est ça l’aventure.

Bon, demain j’en reconstruit un autre pour l’autre bras … cela finira bien par marcher.

J’espère avoir le plaisir de vous retrouver pour une autre vacation prochainement.

Minage85

Le plus grand skipper virtuel en petits bassins