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Chers voltigeurs sur vents marins, bonjour
A l’instant précis ou je vous parle, Minage85 clapote entre les îles du Cap Vert et l’entrée du Pot-au-noir. Votre serviteur n’a rien de moins que 24 H de retard sur la tête de la course … une toute petite carabistouille géante à ce niveau de la course !!!
Il faut dire que les manœuvres à bord du bateau sont limités à leur plus simple expression depuis mon accident d’hier. Ma main gauche, bandée consciencieusement, n’est plus d’aucune utilité pour le moment, à part peut-être m’éponger légèrement le front tant il commence à faire sérieusement chaud dans les parages. Du coup, je n’ai même pas pu recoller mon seul verre à Ricard prévu pour l’aventure. Les gens n’imaginent pas un seul instant les galères que l’on peut rencontrer en pleine mer avec son lot de découragements et de colères. Enfin, heureusement le doseur et la bouteille n’ont pas été touchés … c’est déjà ça.
Malgré tous ces soucis, je descends plein sud, en compagnie d’innombrables retardataires comme moi. Nous sommes à la recherche de la porte d’entrée idéale afin d’aborder l’hémisphère sud dans les meilleures conditions possibles. Dans les échanges entre skippers, certains parlent de plusieurs portes possibles et chacun y va de sa clairvoyance prédictive. Moi, je ne fais confiance à personne !!!! … et je ne dirait rien non plus.
Etant un gars malin, je commence à jouer de plus en plus de mon clairon à l’approche de la zone concernée. Mon père étant musicien amateur, je lui ai demandé quel morceau de musique pouvait s’appuyer sur des fréquences susceptibles d’avoir une correspondance avec les pressions atmosphériques du Pot-au-noir. Il m’a d’abord répondu que je pouvais tenter l’expérience avec « Il suffira d’un signe » de Goldman. Malheureusement, mon interprétation de ce morceau laisse à trop désirer. C’est dommage.
Il m’a ensuite orienté sur « Viens poupoule, Viens poupoule, Viens». C’est un peu mieux mais je ne l’ai pas fait longtemps car j’ai reçu, au même moment, divers objets des autres bateaux autour de moi. Bon, m’envoyer des pommes, des tomates, un sac de charbon de bois, une paire de bottes ou un slip kangourou, pourquoi pas (surtout le slip en prévision de mon passage à l’Australie), mais me lancer un parpaing ou des boules de pétanques !!!!???? … je trouve ça très dangereux et je ne vois pas très bien ce que je vais en faire.
Bref, on verra demain la suite des évènements.
Ha, j’ai eu ma femme ce soir. Elle m’a dit qu’elle avait regardé mon classement sur le site de la direction de course et qu’elle était inquiète du résultat provisoire. L’épisode du poisson volant et des blessures associées formèrent l’essentiel de mon argumentaire tendant à justifier mon écart conséquent avec les leaders. Bien entendu, elle comprenait aisément la difficulté d’un combat avec un poisson volant du Sud Yvelines, animal très fougueux selon ses connaissances. Bien sûr, je fus surpris et heureux de sa culture générale et lui en fis part aussitôt. Elle me répondit que l’on donnait aussi le nom de moustique-cousin à cette petite bête, que cela ne se mangeait pas, que mon bureau-cabine sentait le Ricard, qu’elle souhait récupérer le radiateur électrique d’appoint et qu’il fallait que j’aille voir un médecin pour mon bras.
Ce à quoi j’ai répondu que j’avais eu une vacation médicale avec lui et qu’il n’y avait pas d’inquiétude.
Elle rétorqua être parfaitement au courant de cette « vacation », mais que le médecin envisageait un sauvetage en mer virtuelle avec une petite ambulance amphibie blanche avec des jolies lumières bleues.
Là, j’ai essayé un léger trait d’humour en soulignant qu’étant sur l’océan, il leur serait facile de mettre la sirène !!!
Le silence glacial me plongea aussitôt dans mes souvenirs du grand sud.
J’irai voir la cellule médicale de la course demain.
Je vais encore perdre des places ... pffff !!!
En espérant vous parler de nouveau bientôt.
Minage85
Le plus grand skipper virtuel en petits bassins